Trois questions clés sur les actions mondiales en 2025


21 novembre 2025

Malgré les perturbations liées à la guerre commerciale, les marchés boursiers smondiaux ont enregistré de solides rendements en 2025, les principaux indices ayant atteint des sommets records.

Les raisons de cette remontée, ainsi que les risques, ont été abordés dans le dernier bulletin de notre série de webinaires sur les trois questions clés, où Steve Arpin, directeur général, Actions canadiennes, et KC Parker, vice-président, Actions mondiales, ont discuté avec l’animatrice Marcia Wisniewski, vice-présidente, Groupe attitré à la clientèle privée.

 

 

Cet enregistrement a eu lieu le 27 octobre 2025. La transcription ci-dessous est modifiée pour plus de clarté.

 

Marcia Wisniewski : Bonjour à tous et merci de vous joindre à nous pour la plus récente série de trois questions clés de Beutel Goodman. Je m’appelle Marcia Wisniewski et je suis vice-présidente du Groupe attitré à la clientèle privée de Beutel Goodman.

Avant de commencer, nous aimerions reconnaître que le territoire sur lequel nous nous trouvons est le territoire traditionnel de nombreuses nations, y compris les Mississaugas de Credit, les Anishnabe, les Chippewa, les Haudenosaunee et les Wendat, et qu’il abrite maintenant de nombreux peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Nous reconnaissons également que Toronto est visée par le Traité no 13 avec les Mississaugas de Credit et les Traités Williams signés avec plusieurs bandes des Mississaugas et des Chippewa.

J’aimerais également vous faire part d’un bref avis juridique de notre équipe de conformité. Le présent webinaire n’a pas pour objet de proposer des conseils juridiques, financiers, comptables, fiscaux, de placement ou autres et ne doit pas être utilisé à ce titre. Il ne constitue pas une offre d’acheter ou de négocier tout titre. Beutel, Goodman & Company ne cautionne et ne recommande aucun titre mentionné.

Merci à tous de vous joindre à nous pour cette discussion sur les marchés boursiers mondiaux. L’année a été mouvementée pour les investisseurs. Malgré les tensions commerciales persistantes et l’incertitude politique, 2025 a été une année solide, les indices mondiaux ayant atteint des niveaux records.

Nous savons que bon nombre d’entre vous surveillent ces événements de près et se demandent ce qui pourrait se produire par la suite. La discussion d’aujourd’hui vise donc à mettre les choses en perspective. Aujourd’hui, je suis heureuse d’être accompagnée de deux de mes collègues, Steve Arpin, directeur général, Actions canadiennes, et KC Parker, vice-président, Actions mondiales. Ensemble, nous aborderons trois questions clés qui façonnent le paysage boursier cette année.

À la suite de notre discussion, nous vous invitons à une brève période de questions et réponses; vous pouvez y participer en tapant vos questions dans la boîte de questions et réponses au bas de votre écran.

Sans plus tarder, commençons par les actions internationales. Les marchés développés mondiaux à l’extérieur de l’Amérique du Nord surpassent les États-Unis cette année, même pendant une période très solide pour l’indice S&P 500. Plus précisément, l’indice MSCI EAEO, soit l’indice Morgan Stanley d’Europe, d’Australasie et de l’Extrême-Orient, a progressé de 21 % depuis le début de l’année jusqu’à la fin de septembre, comparativement à l’indice S&P 500, qui n’a grimpé que de 11 % (données en dollars canadiens). C’est près du double. Selon vous, KC,

 

Qu’est-ce que les marchés internationaux nous réservent? Ont-ils plus de marge de manœuvre?

 

KC Parker : Merci de la question, Marcia. Comme le montre la case en bleu dans le coin inférieur gauche de la diapositive, l’indice MSCI-EAEO a nettement surpassé le marché américain en 2025 jusqu’à présent; ce rendement supérieur a été à la fois épique et surprenant. Je dis épique, car, en date de la semaine dernière, le rendement de l’indice MSCI-EAEO (28 %) était de presque le double de celui de l’indice S&P 500 (15 %), comme Marcia l’a indiqué. Aussi épique, car ce rendement supérieur a été d’une ampleur observée pour la dernière fois en 1993, lorsque Le Parc jurassique a été le film le plus rentable. Mais cette situation est surprenante pour plusieurs raisons. Premièrement, la pondération de la technologie dans l’indice MSCI EAEO n’est que de 8 %. Ce poids n’est que légèrement supérieur à la pondération de NVIDIA seulement dans l’indice S&P 500. C’est également surprenant, car les scénarios qui ont été utilisés pour justifier le positionnement du portefeuille pendant cette période mobile de 15 ans de rendement inférieur demeurent vrais. L’Europe est encore pleine d’Européens. De nombreux pays d’Europe et d’Asie développée continuent de faire face aux mêmes problèmes budgétaires et démographiques. Ces mêmes pays demeurent fortement tributaires de l’énergie provenant de l’extérieur de la région. Nous croyons toutefois qu’une approche ascendante constitue la façon d’investir dans des actions, et non dans le tourisme macroéconomique.

Par exemple, Roche et Novartis, que nous détenons, sont deux des cinq plus grandes et prospères sociétés pharmaceutiques au monde. Certains investisseurs se demandent depuis longtemps où et comment les sociétés font de l’argent par rapport à l’emplacement de la bourse principale à laquelle elles sont cotées. Un géant pharmaceutique mondial dont le siège social se situe en Suisse demeure un géant pharmaceutique mondial. Il ne fait aucun doute que nous déplorons que les écarts de valorisation importants, absolus et relatifs aient été intéressants d’aussi longtemps que je me souvienne. Prenons l’un de nos placements, Heidelberg Materials, dont les produits ne peuvent être plus simples, le ciment et les agrégats. Le titre a progressé de 380 % en trois ans, mais son ratio C/B prévisionnel est inférieur à 15 fois aujourd’hui. Cela signifie qu’en 2022, vous payiez trois fois ce que la société gagnera maintenant au cours des 12 prochains mois. De façon anecdotique, je peux vous dire que les sociétés à l’extérieur des États-Unis n’ont jamais été aussi favorables aux actionnaires qu’aujourd’hui. Nous observons de nombreux cas où certains de nos placements en Europe agissent de façon plus favorable aux actionnaires que de nombreuses sociétés aux États-Unis. Au Japon, l’éveil d’un état d’esprit d’actionnaire, qui a commencé en 2012, se poursuit aujourd’hui, mais le pays accuse toujours un retard important par rapport à l’Europe, selon moi.

Nous ne savons pas si les marchés internationaux ont plus de marge de manœuvre, mais, comme le montre le graphique de rendement sur des périodes mobiles de cinq ans à gauche, historiquement, une région peut surpasser l’autre sur de longues périodes, et 2025 pourrait marquer le début d’un renversement des tendances récentes. Concentrons-nous maintenant sur le graphique en haut à droite de la diapositive intitulée Fourchettes d’évaluation des ratios C/B prévisionnels et, plus précisément, comparons les deux triangles jaunes dans les deux barres bleu foncé. Cela montre que l’escompte de valorisation de l’indice MSCI-EAEO par rapport aux États-Unis est assez important. Si nous allons un peu plus loin, le cercle bleu est la valorisation du fonds BG International, qui est non seulement moins coûteux que les deux indices, mais aussi moins coûteux aujourd’hui que la moyenne à long terme des deux indices. Bien sûr, un gestionnaire axé sur la valeur vous dira qu’il est bien de payer moins. Mais allons un peu plus loin et comparons la qualité du fonds à l’indice MSCI-EAEO. Nous pensons que le rendement des capitaux propres est un bon indicateur, et celui du fonds est supérieur de 200 points de base à celui de l’indice, soit 16,9 % contre 14. 8 %. Notre portefeuille se négocie donc à escompte par rapport au marché, tout en affichant un rendement des capitaux propres plus élevé. Qualité supérieure à un prix inférieur.

Marcia Wisniewski : Excellent. Merci, KC. Il est vraiment fascinant de comprendre comment les meneurs des secteurs et des marchés s’étendent bien au-delà des États-Unis et ce que cela pourrait signifier pour la diversification du portefeuille. Dans cette optique, tournons-nous vers le marché canadien. Pour ce faire, j’aimerais vous présenter un graphique qui montre le rendement de trois importants indices des marchés développés depuis le début de l’année jusqu’à la fin de septembre. Comme nous le voyons dans ce graphique, non seulement les actions internationales se comportent bien, comme le montre la ligne MSCI-EAEO, les actions canadiennes surpassent aussi fortement le marché américain, même si l’indice S&P 500 avait progressé de 11 % en dollars canadiens à la fin de septembre. Steve,

 

à quoi attribuez-vous cette vigueur du marché canadien et comment ces thèmes de placement dominants influent-ils maintenant sur nos portefeuilles d’actions canadiennes?

 

Steve Arpin : Merci de la question, Marcia. Comme KC l’a mentionné, d’autres marchés ont été en fait solides, dont le Canada, qui l’est habituellement. Ce dernier a surpassé l’indice S&P 500 de plus de 12 % cette année en dollars canadiens. Et c’était à la fin du troisième trimestre. Comme nous l’avons mentionné, les actions américaines ont connu une bonne année. Les marchés à l’extérieur des États-Unis ont donc connu une excellente année. Le TSX avait inscrit au 30 septembre un rendement de près de 24 % depuis le début de l’année. Cette tenue s’inscrit dans la foulée du rendement de 21,7 % en 2024. Les actions canadiennes ont connu une très forte remontée. Je dirais que le seul soubresaut a eu lieu lors de la baisse d’avril, brève, mais marquée, quand les investisseurs ont réagi à l’annonce du Jour de la libération par l’administration américaine, qui a bien sûr apporté d’énormes changements à la politique commerciale et qui a eu des répercussions pour le Canada. Le Canada, parce qu’il est évidemment très, très touché par les États-Unis, est dans leur zone d’influence et est vraiment son partenaire commercial logique. Les perturbations du marché causées par les droits de douane au début du deuxième trimestre se sont dissipées très rapidement. Les investisseurs individuels ont acheté les titres durant le repli, et l’administration Trump a commencé à prendre du recul et à négocier des tarifs inférieurs à ceux qui étaient brandis.

Bien entendu, le TSX a atteint des sommets records plus récemment, au troisième trimestre. Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, le principal moteur du TSX depuis le début de l’année, a été le secteur des matériaux, qui a progressé de 80 %, principalement en raison des prix de l’or, qui ont augmenté de plus de 40 %. Cette remontée de l’or peut être attribuée à plusieurs facteurs, dont l’incertitude économique, la faiblesse du dollar américain par rapport à un panier de devises internationales, les achats des banques centrales et le statut de valeur refuge de l’or. La baisse des taux réels favorise habituellement l’or et les matériaux, et la hausse des prix de l’or a historiquement été corrélée avec les réductions de taux d’intérêt. Au-delà du secteur des matériaux, malgré le contexte macroéconomique incertain, l’anticipation de réductions des taux d’intérêt et un contexte économique meilleur que prévu ont fait en sorte que les six grandes banques ont produit de solides résultats pour le troisième trimestre de 2025. Elles ont également été en mesure d’assouplir légèrement leurs réserves, établies dans un contexte très pessimiste, et elles ont adopté un ton plus positif au troisième trimestre.

Mais si l’on examine tous les secteurs, nous avons observé des rendements positifs, à l’exception des soins de santé. Cela comprend même l’énergie, qui a été en mesure d’enregistrer des rendements positifs malgré les difficultés liées aux prix des produits de base (pétrole et gaz naturel), même si nous avons profité sur le plan économique de la faiblesse relative du dollar canadien, ce qui a un effet très positif sur les prix de l’énergie au Canada. Le marché, à l’exception du commerce de l’or, ne semble pas refléter grand-chose en matière de risques, mais la menace tarifaire demeure un obstacle évident au Canada. L’économie canadienne s’est contractée au deuxième trimestre. Nous nous sommes fait imposer des droits importants sur l’acier, l’aluminium et le cuivre. De toute évidence, de nombreuses menaces ont pesé sur le secteur de l’automobile. Je dirais qu’à ce stade-ci, les dommages sont davantage liés aux intentions de dépenses en immobilisations, qui sont très faibles au Canada depuis un certain temps. Même si nous profitons toujours d’un taux tarifaire effectif très faible, en fait le plus faible de tous les partenaires des États-Unis, nous faisons toujours face à l’examen de l’ACEUM en 2026, et le maintien d’une relation constructive avec les États-Unis sera essentiel pour les exportations du Canada et l’économie dans son ensemble. Nous discuterons de l’or plus tard, nous nous concentrons maintenant sur les placements de nos portefeuilles et les nouveaux placements potentiels.

Nous trouvons toujours des occasions et nous sommes à la recherche de sociétés affichant de robustes paramètres fondamentaux, que nous pouvons comprendre, qui génèrent des flux de trésorerie disponibles solides, stables et durables et qui offrent une protection contre les baisses. En fin de compte, cela se traduira par des rendements intéressants à long terme pour les investisseurs.

Marcia Wisniewski : C’est excellent. Merci, Steve. Je pense que c’est un excellent aperçu de ce qui a stimulé le rendement depuis le début de l’année et de la façon dont nous nous positionnons du côté canadien. Merci. Passons à notre dernière question, qui porte sur le potentiel des marchés émergents. Plus de la moitié de la population mondiale réside dans les marchés émergents, et ces économies croissent souvent plus rapidement que les économies développées. À la fin de septembre, l’indice MSCI marchés émergents affichait des gains sur neuf mois consécutifs, soit sa plus longue série de gains en plus de 21 ans. La question est la suivante : pourquoi le Fonds d’actions internationales Beutel Goodman ne détient-il actuellement aucune société établie dans une économie des marchés émergents? KC,

 

Vous êtes la bonne personne à qui poser cette question. Pourriez-vous nous dire ce que vous en pensez?

 

KC Parker : Merci. C’est une question très typique, mais aussi très juste. Pour mettre les choses en contexte, la stratégie peut représenter jusqu’à 15 % du fonds dans les marchés émergents, et nous avons eu des placements dans le passé, mais cela fait un certain temps. À titre de rappel, nous ne cherchons pas une position dans un thème, par exemple, l’IA, qui est bien sûr d’actualité, ou à un secteur ou une région. Nous cherchons à regrouper un ensemble diversifié d’environ 30 titres et nous utilisons les mêmes critères, peu importe le secteur ou l’emplacement du siège social de la société. Nous n’abaissons pas la barre parce que nous voulons vraiment détenir une société de services aux collectivités, et nous ne l’abaissons pas parce que l’Inde est un grand pays démocratique populeux qui a enregistré une croissance de son PIB de 6 % l’an dernier. Comme l’indique la diapositive, ce marché émergent est très important, tant sur le plan de la valeur que du nombre de titres. Le bassin des marchés émergents auquel nous avons accès est gigantesque. Pour réitérer, la capitalisation boursière des marchés émergents est de 10 000 milliards de dollars, comparativement à 20 000 milliards de dollars pour l’indice MSCI EAEO.

Même sur le plan du nombre de titres, 1 200 contre 700. Il y a donc beaucoup de choix. Mais nous sommes très pointilleux. Je veux dire, faire preuve de rigueur est un mot plus professionnel, mais je pense que pointilleux est aussi approprié. Notre portefeuille compte actuellement 32 titres, ce qui ne représente que 1,5 % des titres possibles offerts dans ces deux indices combinés. Nous sommes très emballés par ces titres, et si nous ne l’étions pas, ils ne s’y retrouveraient pas. Comme le montre le milieu du triangle, nous tenons compte à la fois de la qualité et de la valorisation pour une nouvelle position, qui se divise en quatre principaux critères quantifiables. Premièrement, nous recherchons un bilan vigoureux. Deuxièmement, un rendement du capital investi supérieur à 10 % ou un rendement des capitaux propres normalisés constituent un bon indicateur de l’excellence de la gestion de la société et de son secteur d’activité. Troisièmement, nous voulons que l’équipe de direction soit alignée sur les actionnaires. Quatrièmement, en tant que gestionnaires axés sur la valeur, le prix que nous payons pour nos titres est évidemment très important. Ces facteurs sont pris en compte isolément, mais aussi par rapport au portefeuille, car l’ajout d’un titre doit rendre le portefeuille global plus intéressant. Autrement, cela ne sert à rien. Je ne vais pas prétendre que nous avons des opinions sur les 1 200 titres des marchés émergents ou sur les 700 titres de l’EAEO.

Notre cadre en quatre points, mentionné précédemment, réduit rapidement la liste des nouvelles idées à ajouter à nos listes de surveillance existantes. J’ai pensé qu’il pourrait être utile de montrer comment nous considérons les deux plus grandes sociétés des marchés émergents. La première est Saudi Aramco. Pour mettre les choses en contexte, nous ne détenons aucune société productrice de pétrole, même si leurs valorisations sont nettement plus faibles et que leurs rendements en dividendes sont plus élevés, et ces sociétés ne sont pas des instruments d’un gouvernement comme le fait Saudi Aramco avec son flottant de 2 %. Comme nous n’investissons pas habituellement dans des sociétés de produits de base au départ, l’ajout de certains risques idiosyncrasiques liés à Saudi Aramco rend ce placement pratiquement impossible. Passons maintenant à Taiwan Semiconductor ou TSMC; il s’agit d’une entreprise qui répond largement à l’ensemble de nos critères. L’enjeu c’est que 90 % de la production de la société se trouve à Taïwan. Sans trop entrer dans les détails géopolitiques de cette situation, disons qu’elle est nébuleuse, compte tenu de l’opinion de la Chine à l’égard de Taïwan et de l’importance de TSMC pour l’économie mondiale. Supposons que nous détenons déjà le titre et qu’un tumulte militaire dans la mer de Chine méridionale le fait fondre de 50 %. Comment pourrions-nous étoffer cette position ou continuer de la détenir, sauf dans l’idée que la paix finit toujours par vaincre. Mais pour montrer que nous sommes ouverts d’esprit, disons que de 70 % à 75 % de la production de la société se trouve à l’extérieur de Taïwan. Nous pourrions alors être à l’aise avec l’idée d’effectuer une modélisation et d’en être fiers propriétaires, sous réserve des valorisations, bien sûr.

J’espère que cette explication démontre que notre façon de percevoir les marchés émergents n’est pas différente de celle que nous adoptons à l’égard des autres marchés pour trouver de nouvelles idées. Nous sommes tout à fait ouverts à leur égard, sous réserve de nos normes élevées. Enfin, certains de nos placements actuels occupent une place importante dans les économies des marchés émergents. Par exemple, Carlsberg se classe au premier ou au deuxième rang parmi ses sous-marchés de l’Inde, de la Chine, du Vietnam et du Kazakhstan, pour n’en nommer que quelques-uns. Konecranes est le chef de file mondial des palans industriels de premier ordre dans presque tous les marchés, y compris en Chine. Enfin, Infineon, un fabricant de semi-conducteurs d’électricité, exerce des activités importantes en Chine, servant des sociétés occidentales en activité en Chine, mais aussi des sociétés chinoises. En résumé, nous sommes délibérément sélectifs, mais nous sommes ouverts à toute excellente occasion qui répond à nos critères, que ce soit en Italie ou en Inde.

Marcia Wisniewski : Excellent. Merci, KC. Il s’agit d’un excellent aperçu de la façon dont nous évaluons les risques et les occasions dans différentes régions, et aussi de la façon dont nous obtenons une position dans la croissance des marchés émergents de façon plus sélective par l’intermédiaire de sociétés mondiales solides qui génèrent des revenus importants dans ces régions sans prendre le risque supplémentaire de détenir directement ces sociétés.

Nous avons répondu à nos trois principales questions et je souhaiterais maintenant passer à certaines des vôtres. Les participants nous ont posé d’excellentes questions et j’aimerais en souligner au moins quelques-unes avant de conclure aujourd’hui. La première question est une question à deux volets que nous avons reçue d’un participant la semaine dernière lorsqu’il s’est inscrit à l’appel.

 

Voici la question : Le dollar américain est-il en baisse à long terme par rapport aux autres devises des principaux pays développés? Et considérez-vous l’or et les cryptomonnaies comme des solutions de rechange sérieuses?

 

Je pense que c’est une question à laquelle vous devriez répondre Steve. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

Steve Arpin : Merci. De toute évidence, les gens savent que les États-Unis ont eu pour politique de s’attendre à un dollar plus faible et que le dollar américain a perdu environ 10 % de sa valeur cette année par rapport au DXY, qui est un panier de devises représentatif. Mais il demeure dans sa fourchette à long terme, alors je ne dirais pas que c’est extraordinaire. Comme vous pouvez le voir dans cette diapositive, le dollar américain demeure la monnaie dominante sur les marchés mondiaux des changes. Cette diapositive totalise 200 % parce qu’il y a deux côtés à une opération de change. Vous pouvez constater que les États-Unis sont présents dans 88 % des opérations. Nous avons choisi d’utiliser cette diapositive, mais il y en a une autre qui montre que la domination du dollar américain a augmenté de façon constante au cours de la dernière décennie, et 2025 n’est pas différente à cet égard. Du point de vue des opérations, l’euro et la livre sterling ont encore perdu du terrain cette année. Alors, pourquoi tout cela est-il important? Pour mettre en contexte la liquidité fournie par le dollar américain, chaque jour, 9 500 milliards de dollars sont échangés au moyen du dollar américain sur le marché des changes.

La valeur totale de tous les actifs aurifères physiques dans le monde est d’environ 30 000 milliards de dollars américains aujourd’hui. Il y a 218 000 tonnes d’or au-dessus du sol. Par ailleurs, le bitcoin est encore plus hors échelle, avec une capitalisation boursière d’environ 2 000 milliards de dollars américains. La liquidité du dollar américain est donc absolument immense. Autrement dit, il est absolument essentiel au fonctionnement de l’économie mondiale. Comme je l’ai déjà mentionné, lorsque nous parlions du TSX, la bonne nouvelle est que les rendements ont été très bons dans plusieurs secteurs, et je pense que le plus important est celui de la finance. Mais, manifestement, les matériaux stimulent le rendement et surpassent vraiment l’indice. L’or a eu une incidence majeure sur le TSX cette année, le secteur des matériaux est de loin celui qui a le plus brillé. Par conséquent, les actions aurifères se situent près d’une pondération record dans le principal indice canadien et les prix de l’or ont également atteint des sommets records, rajustés en fonction de l’inflation. Cette situation se compare même aux années 1970, lorsque nous avons connu un très grave problème d’inflation, attribuable à la hausse des prix de l’énergie. Je pense que nous avons établi que l’or ne remplacera pas le dollar américain pour les opérations commerciales, ce qui signifie que les investisseurs achètent de l’or comme réserve de valeur.

Cela dit, il y a trois principaux facteurs qui expliquent de façon générale le cours de l’or cette année. Le premier a été la dévaluation des monnaies, dont je vais parler. La deuxième est les achats des banques centrales et la troisième, la demande de placements par l’intermédiaire des FNB. Donc, si nous nous concentrons un peu sur la dévaluation, elle a fait l’objet de nombreux débats. Je tiens à préciser que, mathématiquement, par exemple, si l’inflation se situe à 3 % au lieu de 2 %, ce qui demeure normalement la cible de la banque centrale, sur une période de plus de dix ans, l’or devrait être évalué à environ 15 % de plus pour tenir compte de cette baisse. Par ailleurs, la dévaluation quantitative, peu importe comment vous l’analysez, n’explique pas les prix de l’or. Je sais qu’il y a un discours sur l’inflation et, de toute évidence, nous avons connu une inflation plus élevée après la COVID-19 en raison à la fois de la masse monétaire et de la difficulté à produire des biens. Mais il n’y a pas d’explication quantitative de ce qui se produit. Le deuxième facteur a été les achats des banques centrales, qui ont été menés en grande partie par la Chine, et pourraient être une réaction à certaines des mesures de confiscation des actifs russes. Les achats d’or par les banques centrales sont passés d’environ 500 tonnes par année à 1 000 tonnes par année au cours des dernières années.

Il s’agit d’une augmentation d’environ 12,5 % de l’offre totale. L’offre d’or est d’environ 3 000 tonnes par année. Il provient d’abord de l’exploitation minière, puis de 1 000 tonnes de rebuts. Cette situation a une incidence sur les prix, mais c’est difficile à quantifier. Il ne s’agit également pas d’un nouveau thème. Il est présent depuis les quatre dernières années. Nous allons pointer du doigt le dernier facteur ici, soit la demande des investisseurs, qui pourrait ou non se révéler spéculative, mais, en particulier, elle provient des FNB aurifères et a atteint de nouveaux sommets en 2022. La demande de FNB et les prix de l’or ont été fortement corrélés et nous croyons qu’ils sont le facteur dominant qui dicte les prix de l’or. Ce qui est curieux à ce sujet, c’est qu’il existe un tableau des placements des banques centrales, que je n’ai pas inclus ici, qui montre qu’il est en partie vrai que les banques centrales se diversifient par rapport au dollar américain en achetant de l’or, ce qui est un thème important. Toutefois, les banques centrales ciblent également une répartition de l’actif. La valeur de leurs placements en or est maintenant équivalente à celle des titres du Trésor américain détenus par les banques centrales. Ironiquement, si le prix de l’or continue d’augmenter, les banques centrales pourraient finir par devenir des vendeurs parce qu’elles détiennent des réserves excédentaires d’or dont la valeur est supérieure à ce qu’elles cibleraient raisonnablement en pourcentage de leur actif de base.

N’oubliez pas que les banques centrales doivent avoir des réserves de devises adéquates, car elles doivent être en mesure de fonctionner sur le marché des monnaies fiduciaires. Compte tenu de tous ces commentaires et pour revenir à la question initiale, je pense que nous sommes à l’aise de dire que le dollar américain ne sera pas remplacé par l’or ou le bitcoin dans un proche avenir et que son statut de monnaie de réserve mondiale semble assez sûr.

Marcia Wisniewski : Merci, Steve. C’est gentil. Je vous remercie également de votre point de vue. Vous nous avez donné de la matière à réflexion et je pense que vous avez couvert beaucoup de sujets.

La deuxième question porte sur l’intelligence artificielle, un thème qui domine le marché depuis le début de 2023 et qui a suscité beaucoup de placements, ce qui a donné lieu à ce que certains qualifient de marché très effervescent. Je crois savoir que notre équipe des actions mondiales publiera un document sur l’IA qui traite de nos réflexions sur la technologie, l’écosystème financier qui l’entoure et son incidence sur la concentration et les valorisations du marché, ainsi que des placements de nos portefeuilles. Donc, KC, je me demande si vous pourriez nous en dire un peu plus sur le sujet.

 

Comment le reste de notre équipe de recherche sur les actions perçoit-il l’IA comme thème de placement et pouvez-vous expliquer un peu l’incidence générale de l’IA?

 

KC Parker : Excellent. Je promets de ne pas utiliser ChatGPT pour répondre à cette question. Bien qu’il existe des idées raisonnables sur la façon dont les technologies de l’IA pourraient être prometteuses pour les entreprises, l’ampleur de la mise en œuvre est préoccupante en l’absence d’économies éprouvées. Le marché a également tiré des conclusions hâtives sur les gagnants et les perdants, ce qui est vraiment impossible à savoir aujourd’hui, car nous en sommes encore aux premières phases de l’adoption de la technologie. On le constate même dans le fonds international. Par exemple, la société française Capgemini, qui est un géant mondial des services-conseils, est considérée par certains comme l’équivalent d’un fabricant de fouets de cocher, car les entreprises n’auront plus jamais besoin d’une transformation stratégique ou technologique, étant donné que l’IA peut tout faire. Nous ne sommes donc pas d’accord et pensons que l’incidence sera beaucoup plus nuancée, car le pouvoir de l’IA présentera à la fois des occasions et des risques. Toutefois, comme le ratio cours-bénéfices est de 10, nous croyons que Capgemini présente un massif potentiel de rendement futur. Nous aimerions souligner un autre placement qui n’obtient aucun crédit quant à l’IA, selon nous, soit Atea. Il s’agit d’un distributeur norvégien de logiciels et de matériel en activité dans les pays nordiques et baltes. La société affiche des bénéfices records. Elle n’a aucune dette et domine largement son marché. Elle est 10 fois plus grande que son prochain concurrent. La société dispose d’un réseau de centres de données, où d’importantes sociétés privées et publiques des pays nordiques stockent leurs données et leurs systèmes et y accèdent. Le problème avec Atea, c’est qu’elle minimise les avantages à court terme de l’IA tout en affirmant que l’IA sera un moteur important pour elle à long terme. Selon l’entreprise, ses clients tâtent tous le terrain et cherchent ce que l’IA peut faire et la meilleure façon de l’utiliser. Elle croit que d’importants investissements de clients suivront cette période de profonde introspection, ce qui est bien sûr logique. Ma blague qui revient tout le temps à propos de la société est que, si elle empruntait des sommes importantes et subissait de graves pertes financières pour investir avant la demande réelle des clients, la valeur du titre doublerait probablement. Bien sûr, nous n’en serions pas propriétaires dans ce cas, car elle ne répondrait plus à nos critères stricts. Parfois, nous nous racontons des histoires drôles pour nous sentir mieux. Mais, soit dit en passant, pour ces deux titres, nous continuons d’être patients en attendant que le marché se rende compte que Capgemini n’est pas une perdante de l’IA et qu’Atea en est sans doute une gagnante à long terme.

Marcia Wisniewski : Merci beaucoup, KC. C’est très, très pertinent. Je pense que nous avons dépassé d’une minute notre heure de fin habituelle, alors je tiens à remercier de nouveau nos conférenciers, Steve Arpin et KC Parker. Merci à vous tous de vous être joints à nous aujourd’hui. Nous espérons que vous avez trouvé cette conversation utile et que les points de vue présentés vous viendront en tête quand vous penserez à vos placements. Au nom de toute l’équipe de Beutel Goodman, je vous remercie de votre temps et de votre confiance inébranlable.

 

 

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